Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/439

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Orgon
Enfin je sais l’affaire, et ne prends point le change.


Elmire
J’admire, encore un coup, cette faiblesse étrange :

Mais que me répondrait votre incrédulité,
1340Si je vous faisais voir qu’on vous dit vérité ?

Orgon
Voir ?


Elmire
Voir ? Oui.


Orgon
Voir ? Oui Chansons.


Elmire
Voir ? Oui Chansons. Mais quoi ! si je trouvais manière

De vous le faire voir avec pleine lumière ?…

Orgon
Contes en l’air.


Elmire
Contes en l’air. Quel homme ! Au moins, répondez-moi.

Je ne vous parle pas de nous ajouter foi ;
1345Mais supposons ici que, d’un lieu qu’on peut prendre,
On vous fît clairement tout voir et tout entendre :
Que diriez-vous alors de votre homme de bien ?

Orgon
En ce cas, je dirais que… Je ne dirais rien,

Car cela ne se peut.

Elmire
Car cela ne se peut. L’erreur trop longtemps dure,

1350Et c’est trop condamner ma bouche d’imposture.
Il faut que, par plaisir, et sans aller plus loin,
De tout ce qu’on vous dit je vous fasse témoin.

Orgon
Soit. Je vous prends au mot. Nous verrons votre adresse,

Et comment vous pourrez remplir cette promesse.

Elmire, à Dorine.
1355Faites-le-moi venir.


Dorine, à Elmire.
Faites-le-moi venir. Son esprit est rusé,

Et peut-être à surprendre il sera malaisé.

Elmire, à Dorine.
Non ; on est aisément dupé par ce qu’on aime,