Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/511

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Que de sa femme on se doit abstenir,
Et que dans cet état il ne peut provenir
Que des enfants pesants et qui ne sauraient vivre
Vois, si mon cœur n’eût su de froideur se munir,
Quels inconvénients auraient pu s’en ensuivre !

Cléanthis
Je me moque des médecins,
Avec leurs raisonnements fades :
Qu’ils règlent ceux qui sont malades,
Sans vouloir gouverner les gens qui sont bien sains.
Ils se mêlent de trop d’affaires,
De prétendre tenir nos chastes feux gênés ;
Et sur les jours caniculaires
Ils nous donnent encore, avec leurs lois sévères,
De cent sots contes par le nez.

Sosie
Tout doux !

Cléanthis
Tout doux ! Non : je soutiens que cela conclut mal :
Ces raisons sont raisons d’extravagantes têtes.
Il n’est ni vin ni temps qui puisse être fatal
À remplir le devoir de l’amour conjugal ;
Et les médecins sont des bêtes.

Sosie
Contre eux, je t’en supplie, apaise ton courroux :
Ce sont d’honnêtes gens, quoi que le monde en dise.

Cléanthis
Tu n’es pas où tu crois ; en vain tu files doux :
Ton excuse n’est point une excuse de mise ;
Et je me veux venger tôt ou tard, entre nous,
De l’air dont chaque jour je vois qu’on me méprise.
Des discours de tantôt je garde tous les coups,
Et tâcherai d’user, lâche et perfide époux,
De cette liberté que ton cœur m’a permise.

Sosie
Quoi ?

Cléanthis
Quoi ? Tu m’as dit tantôt que tu consentais fort,
Lâche, que j’en aimasse un autre.

Sosie
Ah ! pour cet article, j’ai tort.