Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/563

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re un quarteron : si tu veux, tu seras ma femme, je serai ton mari, et nous serons tous deux mari et femme.

Claudine
Tu serais peut-être jaloux comme notre maître.

Lubin
Point.

Claudine
Pour moi, je hais les maris soupçonneux, et j’en veux un qui ne s’épouvante de rien, un si plein de confiance, et si sûr de ma chasteté, qu’il me vît sans inquiétude au milieu de trente hommes.

Lubin
Hé bien ! je serai tout comme cela.

Claudine
C’est la plus sotte chose du monde que de se défier d’une femme, et de la tourmenter. La vérité de l’affaire est qu’on n’y gagne rien de bon : cela nous fait songer à mal, et ce sont souvent les maris qui, avec leurs vacarmes, se font eux-mêmes ce qu’ils sont.

Lubin
Hé bien ! je te donnerai la liberté de faire tout ce qu’il te plaira.

Claudine
Voilà comme il faut faire pour n’être point trompé. Lorsqu’un mari se met à notre discrétion, nous ne prenons de liberté que ce qu’il nous en faut, et il en est comme avec ceux qui nous ouvrent leur bourse et nous disent : «Prenez. » Nous en usons honnêtement, et nous nous contentons de la raison. Mais ceux qui nous chicanent, nous nous efforçons de les tondre, et nous ne les épargnons point.

Lubin
Va, je serai de ceux qui ouvrent leur bourse, et tu n’as qu’à te marier avec moi.

Claudine
Hé bien, bien, nous verrons.

Lubin
Viens donc ici, Claudine.

Claudine
Que veux-tu ?

Lubin
Viens, te dis-je.

Claudine