Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/566

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n’ignore pas qu’à cause de votre noblesse vous me tenez fort au-dessous de vous, et le respect que je vous veux dire ne regarde point ma personne : j’entends parler de celui que vous devez à des nœuds aussi vénérables que le sont ceux du mariage. (Angélique fait signe à Clitandre.) Il ne faut point lever les épaules, et je ne dis point de sottises.

Angélique
Qui songe à lever les épaules ?

George Dandin
Mon Dieu ! nous voyons clair. Je vous dis encore une fois que le mariage est une chaîne à laquelle on doit porter toute sorte de respect, et que c’est fort mal fait à vous d’en user comme vous faites. Oui, oui, mal fait à vous ; et vous n’avez que faire de hocher la tête, et de me faire la grimace.

Angélique
Moi ! je ne sais ce que vous voulez dire.

George Dandin
Je le sais fort bien, moi ; et vos mépris me sont connus. Si je ne suis pas né noble, au moins suis-je d’une race où il n’y a point de reproche ; et la famille des Dandins.

Clitandre, derrière Angélique, sans être aperçu de Dandin.
Un moment d’entretien.

George Dandin
Eh ?

Angélique
Quoi ? je ne dis mot.

George Dandin tourne autour de sa femme, et Clitandre se retire en faisant une grande révérence à George Dandin.
Le voilà qui vient rôder autour de vous.

Angélique
Hé bien, est-ce ma faute ? Que voulez-vous que j’y fasse ?

George Dandin
Je veux que vous y fassiez ce que fait une femme qui ne veut plaire qu’à son mari. Quoi qu’on en puisse dire, les galants n’obsèdent jamais que quand on le veut bien. Il y a un certain air doucereux qui les attire, ainsi que le miel fait les mouches ; et les honnêtes f