Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/573

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Non ; mais je me lasse fort d’être pris pour dupe.

Madame de Sotenville
Ne voulez-vous point vous défaire de vos pensées extravagantes ?

George Dandin
Non, Madame ; mais je voudrais bien me défaire d’une femme qui me déshonore.

Madame de Sotenville
Jour de Dieu ! notre gendre, apprenez à parler.

Monsieur de Sotenville
Corbleu ! cherchez des termes moins offensants que ceux-là.

George Dandin
Marchand qui perd ne peut rire.

Madame de Sotenville
Souvenez-vous que vous avez épousé une Demoiselle.

George Dandin
Je m’en souviens assez, et ne m’en souviendrai que trop.

Monsieur de Sotenville
Si vous vous en souvenez, songez donc à parler d’elle avec plus de respect.

George Dandin
Mais que ne songe-t-elle plutôt à me traiter plus honnêtement ? Quoi ? parce qu’elle est Demoiselle, il faut qu’elle ait la liberté de me faire ce qui lui plaît, sans que j’ose souffler ?

Monsieur de Sotenville
Qu’avez-vous donc, et que pouvez-vous dire ? N’avez-vous pas vu ce matin qu’elle s’est défendue de connaître celui dont vous m’étiez venu parler ?

George Dandin
Oui. Mais vous, que pourrez-vous dire si je vous fais voir maintenant que le galant est avec elle ?

Madame de Sotenville
Avec elle ?

George Dandin
Oui, avec elle, et dans ma maison ?

Monsieur de Sotenville
Dans votre maison ?

George Dandin
Oui, dans ma propre maison.

Madame de Sotenville