Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/584

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dépend de parents qui n’ont des yeux que pour le bien ; mais on sait leur rendre justice, et l’on se moque fort de les considérer au delà de ce qu’ils méritent.

George Dandin
Voilà nos carognes de femmes.

Clitandre
Ah ! qu’il faut avouer que celui qu’on vous a donné était peu digne de l’honneur qu’il a reçu, et que c’est une étrange chose que l’assemblage qu’on a fait d’une personne comme vous avec un homme comme lui !

George Dandin, à part.
Pauvres maris ! voilà comme on vous traite.

Clitandre
Vous méritez sans doute une toute autre destinée, et le Ciel ne vous a point faite pour être la femme d’un paysan.

George Dandin
Plût au Ciel fût-elle la tienne ! Tu changerais bien de langage. Rentrons ; c’en est assez. (Il entre et ferme la porte.)

Claudine
Madame, si vous avez à dire du mal de votre mari, dépêchez vite, car il est tard.

Clitandre
Ah ! Claudine, que tu es cruelle !

Angélique
Elle a raison. Séparons-nous.

Clitandre
Il faut donc s’y résoudre, puisque vous le voulez. Mais au moins je vous conjure de me plaindre un peu des méchants moments que je vais passer.

Angélique
Adieu.

Lubin
Où es-tu, Claudine, que je te donne le bonsoir ?

Claudine
Va, va, je le reçois de loin, et je t’en renvoie autant.



Scène 6

Angélique, Claudine, George Dandin.

Angélique