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Acte I, scène II.


Octave.

Que dois-je faire ? Quelle résolution prendre ? À quel remède recourir ?


Scène II.

OCTAVE, SCAPIN, SYLVESTRE.
Scapin.

Qu’est-ce, Seigneur Octave ? Qu’avez-vous ? Qu’y a-t-il ? Quel désordre est-ce là ? Je vous vois tout troublé.

Octave.

Ah ! mon pauvre Scapin, je suis perdu ; je suis désespéré ; je suis le plus infortuné de tous les hommes.

Scapin.

Comment ?

Octave.

N’as-tu rien appris de ce qui me regarde ?

Scapin.

Non.

Octave.

Mon père arrive avec le seigneur Géronte, et ils me veulent marier.

Scapin.

Hé bien ! qu’y a-t-il là de si funeste ?

Octave.

Hélas ! tu ne sais pas la cause de mon inquiétude.

Scapin.

Non ; mais il ne tiendra qu’à vous que je la sache bientôt ; et je suis homme consolatif[1], homme à m’intéresser aux affaires des jeunes gens.

Octave.

Ah ! Scapin, si tu pouvais trouver quelque invention, forger quelque machine, pour me tirer de la peine où je suis, je croirois t’être redevable de plus que de la vie.

Scapin.

À vous dire la vérité, il y a peu de choses qui me soient impossibles, quand je m’en veux mêler. J’ai sans doute reçu du ciel un génie assez beau pour toutes les fabriques de ces gentillesses d’esprit, de ces galanteries ingénieuses à qui le

  1. Pascal a dit consolatif à… et consolatif pour… : « Discours bien consolatif à ceux qui ont assez de liberté d’esprit…, etc. » — « Un beau mot de saint Augustin est bien consolatif pour de certaines personnes. »
    (F. Génin.)