Page:Molière - Œuvres complètes, CL, 1888, tome 01.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vous pas, comme un bon père de famille, vous retirer de bonne heure, et bien vivre avec votre femme ?

Le Barbouillé

Je me donne au diable si j’ai sorti de la maison : demandez plutôt à ces messieurs qui sont là-bas dans le parterre ; c’est elle qui ne fait que de revenir. Ah ! que l’innocence est opprimée !

Villebrequin

Çà, çà, allons, accordez-vous ; demandez-lui pardon.

Le Barbouillé

Moi, pardon ! j’aimerois mieux que le diable l’eût emportée. Je suis dans une colère que je ne me sens pas.

Gorgibus

Allons, ma fille, embrassez votre mari, et soyez bons amis.


Scène XIII

Le Docteur, à la fenêtre, en bonnet de nuit et en camisole ; le Barbouillé, Villebrequin, Gorgibus, Angélique.
Le Docteur

Eh quoi ! toujours du bruit, du désordre, de la dissension, des querelles, des débats, des différends, des combustions, des altercations éternelles ! Qu’est-ce ? qu’y a-t-il donc ? On ne sauroit avoir du repos.

Villebrequin

Ce n’est rien, monsieur le docteur ; tout le monde est d’accord.

Le Docteur

À propos d’accord, voulez-vous que je vous lise un chapitre d’Aristote, où il prouve que toutes les parties de l’univers ne subsistent que par l’accord qui est entre elles ?

Villebrequin

Cela est-il bien long ?

Le Docteur.

Non, cela n’est pas long ; cela contient environ soixante ou quatre-vingts pages.

Villebrequin

Adieu, bonsoir, nous vous remercions.