Page:Molière Femmes Savantes.djvu/17

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CLITANDRE.

Cecy n’est point du tout un trait d’esprit, Madame,
Et c’est un pur aveu de ce que j’ay dans l’ame.
Les Cieux, par les liens d’une immüable ardeur,
Aux beautez d’Henriette ont attaché mon cœur ;
Henriette me tient sous son aimable empire,
Et l’hymen d’Henriette est le bien où j’aspire ;
Vous y pouvez beaucoup, & tout ce que je veux,
C’est que vous y daigniez favoriser mes vœux.

BÉLISE.

Je vois où doucement veut aller la demande,
Et je sçay sous ce nom ce qu’il faut que j’entende ;
La Figure est adroite, & pour n’en point sortir,
Aux choses que mon cœur m’offre à vous repartir,
Je dirai qu’Henriette à l’Hymen est rebelle,
Et que sans rien prétendre, il faut bruler pour elle.

CLITANDRE.

Eh, Madame, à quoy bon un pareil embarras,
Et pourquoy voulez-vous penser ce qui n’est pas ?

BÉLISE.

Mon Dieu, point de façons ; cessez de vous défendre
De ce que vos regards m’ont souvent fait entendre ;
Il suffit que l’on est contente du détour
Dont s’est adroitement avisé vostre amour,
Et que sous la Figure où le respect l’engage,
On veut bien se résoudre à souffrir son hommage,
Pourveu que ses transports par l’honneur éclairez
N’offrent à mes Autels que des vœux épurez.

CLITANDRE.

Mais…

BÉLISE.

Mais…Adieu, pour ce coup cecy doit vous suffire,
Et je vous ay plus dit que je ne voulois dire.