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LIVRE I, CHAP. V

et surtout en ce qui touche le sort de la veuve et des filles non mariées. Comme, dans les idées des anciens Romains, la femme n’est pas capable d’avoir la puissance sur autrui et sur elle-même, il faut bien que cette puissance, ou, pour parler en termes moins rigoureux, cette tutelle (tutela) soit donnée à la maison à laquelle la femme appartient. Dès lors elle est exercée, à la place du père de famille défunt, par tous les hommes membres de la famille, et plus proches agnats ; par les fils sur la mère ; par les frères sur la sœur. Et ainsi la famille dure immuable, jusqu’à l’extinction de la descendance masculine de son fondateur. Toutefois, après plusieurs générations, le lien qui l’attache devait se desserrer : la preuve de l’origine remontant à l’auteur commun devait aussi s’évanouir. Telles sont les bases de la famille romaine, qui se distingue en famille proprement dite, et en race ou gens ; dans l’une sont compris les agnats (adnati) ; dans l’autre, les gentils (gentiles). Les uns et les autres remontent à la souche masculine commune ; mais, tandis que la famille ne contient que les individus pouvant établir le degré de leur descendance, la gens comprend aussi ceux qui, tout en se réclamant du même ancêtre commun, ne peuvent plus énumérer, ni les aïeux intermédiaires, ni leur degré par rapport à lui. Les Romains exprimaient clairement ces distinctions, quand ils disaient : « Marcus, fils de Marcus, petit-fils de Marcus, etc. » Les Marciens, voilà la famille ; elle se continue tant que les ascendants peuvent être individuellement désignés par le nom commun ; elle finit et se complète par la race ou gens, qui remonte, elle aussi, à l’antique aïeul, dont tous les descendants ont hérité de même du nom d’enfants de Marcus.

Clientèle.Ainsi concentrée autour de son chef, lorsque celui-ci est vivant, ou formée du faisceau des diverses maisons issues de la maison du commun aïeul, la famille ou la