Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 1.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
129
RÉFORME DE LA CONSTITUTION

pôts, aux corvées (d’où leur autre appellation de municipes, municipaux, contribuables)[1]. Ils cessèrent aussi, à dater de ce moment, de payer la rente de patronage, qui demeura imposée aux individus vivant hors des tribus, aux métœques non domiciliés (œrarii). Jadis, la population de la cité ne comportait que deux catégories, les citoyens et les clients ; il y en a trois aujourd’hui : il y a des citoyens actifs, des citoyens passifs et des patronnés, division qui, durant de nombreux siècles, a formé la clef de voûte de la constitution romaine.

Époque et motifs de la réforme de Servius.Quand, comment s’est faite la réorganisation militaire de la cité romaine ? Sur ce point, nous n’avons à apporter que des conjectures. Les quatre quartiers existaient auparavant ; en d’autres termes, la muraille de Servius a dû être construite avant la réforme servienne. Déjà aussi, la ville avait sans doute considérablement dépassé ses limites originaires ; autrement, elle n’eût pu contenir huit mille propriétaires ou fils de propriétaires d’un plein domaine, et huit mille possesseurs de parcelles, sans compter, parmi les premiers, un certain nombre de grands propriétaires ou fils de ceux-ci. À la vérité, nous ignorons l’étendue du domaine plein proprement dit ; mais il n’est guère possible de l’évaluer à moins de vingt jugères[2]. Calculons pour le tout un

  1. [V. supra. p.103, la note sur le mot mœnia.]
  2. Déjà, vers 450 avant J.-C., les lots de 7 jugera [1 hect. 7 a. 64 cent.] paraissaient petits aux assignataires. (Val. Max. 4, 3, 5 — Colum. I, prœfat., XIV, 1, 3, 11. — Plin., Nat. hist. 18, 3 et 4. — V. sur les lots de 14 jugères, [ou 3 hect. 5 a. 28 cent.] Victor, 33. — Plutarch., Apophth. reg. et imp., p. 325, éd. Dübner — conf. aussi Plutarch., Crass. 2). La comparaison des mesures romaines avec les nôtres donne des résultats semblables. Le jugère et le jour [le morgen des Allemands] sont originairement des évaluations de travail plutôt que des mesures de surface ; et, dès lors, elles sont primitivement identiques. Puisqu’une charrue [allemande] vaut 30 jours, et souvent varie de 20 à 40 ; puisque la cour et les bâtiments de la métairie anglo-saxonne équivalaient à un dixième du domaine, il faut, en tenant compte, et de la différence du climat, et de la contenance de l’heredium romain de 2 jugères [ou 5 a. 4 cent.], décider que la charrue romaine (ou domaine plein) devait être égale à environ 20 jugères [ou 5 hect. 40 cent., le jugère valant, comme on sait, hect. 0,252]. Regrettons d’ailleurs de n’avoir rien à apporter ici que des conjectures. La tradition même est muette.