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SUPRÉMATIE DE ROME DANS LE LATIUM

la légende tout au moins, un retentissement plus vivace que ces quelques exploits oubliés. Vers ces temps aussi, Albe.Albe, l’antique métropole du Latium, succomba sous les coups de Rome, et fut totalement détruite. Comment s’entama la lutte : comment elle se décida, nous l’ignorons. Le combat des trois jumeaux romains contre les trois jumeaux albains ne nous semble que la personnification naïve d’une guerre à outrance entre deux cités également puissantes et apparentées ; et dont l’une, Rome, était la ville aux trois tribus que nous connaissons. Au fond tout ce que nous savons de la chute d’Albe, c’est le fait pur et simple de cette chute[1].— À cette époque, et pendant que Rome ajoutait à son territoire les campagnes de l’Anio et du mont Albain, d’autres villes latines s’arrondissaient de même, et fondaient des États d’une certaine importance. Les conjectures sont ici tout à fait vraisemblables ; nous citerons particulièrement Tibur et Præneste. Celle-ci domina plus tard sur huit localités qui l’avoisinaient.

Système suivi à l’occasion des premiers agrandissementsNous regrettons moins de ne pas savoir l’histoire des guerres, que le caractère et les conséquences juridiques des premières conquêtes faites par Rome dans

  1. Mais je ne vois nul motif de douter, avec tel grave critique moderne, du fait même de la destruction d’Albe. Assurément, le récit des historiens n’offre qu’un tissu d’invraisemblances et d’impossibilités ; il en est toujours ainsi des faits historiques enveloppés dans la légende.— Quelle fut l’attitude du Latium pendant la lutte ? Question oiseuse et sans intérêt certain. Ne l’avons-nous pas fait voir ailleurs (p. 56) ? La fédération latine n’interdisait pas, ce semble, la guerre individuelle entre deux fédérés. Soutiendra-t-on que la transportation à Rome d’un certain nombre de familles albaines serait en contradiction avec la destruction de la ville d’Albe par les Romains ? Mais d’abord, pourquoi n’y aurait-il pas eu là, comme à Capoue plus tard, un parti favorable à Rome ? La question est tranchée, suivant moi, par cette circonstance, que Rome s’est toujours dite l’héritière d’Albe dans les choses de la religion et de la politique : une telle prétention ne saurait se concilier avec l’introduction de quelques familles albaines seulement dans la cité : elle n’a pu se fonder et ne s’est fondée, en effet, que sur une véritable conquête.