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OMBRIENS ET SAMNITES

Nord. Le séjour des Ombriens, dans la région du Sud donne la clef de ce phénomène. Ainsi refoulés et au Nord et à l’Ouest, les Ombriens, après des combats acharnés, se retranchèrent dans la contrée montueuse et étroite que l’Apennin enferme de ses deux bras, et qu’ils ont possédée jusque dans les temps postérieurs. Ici la géographie enseigne leur histoire, comme elle enseigne ailleurs celle des Grisons et des Basques : et pour achever notre conviction à cet égard, la légende elle-même raconte que les Étrusques leur avaient enlevé trois cents villes. Dans la prière nationale des Iguviniens (peuple ombrien[1]), que nous possédons encore[2], nous voyons les Étrusques inscrits en tête des ennemis du pays.

C’est alors sans doute que les Ombriens se tournent vers le Sud, tout en restant à cheval sur la chaîne de l’Apennin. Au Nord, en effet, un peuple plus fort les repousse : à l’Ouest, ils trouvent les plaines du Latium occupées déjà par des peuples d’une race apparentée avec la leur, qu’ils entament ou arrêtent à leur tour, ou avec lesquels ils se mêlent d’autant plus aisément qu’à cette époque ancienne, les divergences de la langue et des mœurs étaient moins grandes qu’elles ne le devinrent plus tard. C’est à ces contacts avec les Latins que se réfère la légende, quand elle raconte les incursions des Réatins (Reate, Rieti) et des Sabins, dans le Latium, et leurs combats avec les Romains. Des événements pareils se sont probablement déroulés le long de la côte occidentale. Les Sabins, en définitive, restèrent dans la région voisine du Latium, à laquelle ils ont donné leur nom, et aussi dans le pays Volsque : ils n’y avaient rencontré sans doute qu’une population peu dense, ou dans tous les cas, moins nombreuse ; tandis qu’ailleurs,

  1. [Auj. Gubbio.]
  2. [V. les tabulœ Eugubinœ, trouvées dans un théâtre en 1444.]