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LIVRE I, CHAPITRE I

puis elle se déprime, s’éparpille en un massif mamelonné ; puis, se séparant enfin en deux chaînons, l’un moins élevé, qui va vers le sud-est, l’autre plus escarpé, qui va droit au Sud, elle se termine de chaque côté par deux étroites presqu’îles. Les plaines du nord, entre les Alpes et l’Apennin, vont se continuant jusqu’aux Abruzzes. Géographiquement parlant, et jusque fort tard en ce qui touche l’histoire, elles n’appartiennent point au système de ce pays de montagnes et de collines, à cette Italie proprement dite, dont nous voulons raconter les destinées. Ce ne fut, en effet, qu’au viie siècle de Rome que la côte située entre Sinigaglia et Rimini[1] fut incorporée au territoire de la République : la vallée du Pô n’a été conquise qu’au viiie siècle. L’ancienne frontière de l’Italie au nord, ce ne sont pas les Alpes, c’est l’Apennin. Celui-ci, d’ailleurs, ne forme nulle part une arête abrupte, il couvre le pays, au contraire, de son large massif ; ses vallées et ses plateaux se relient par de faciles passages, offrant ainsi aux populations un terrain commode ; et quant aux côtes et aux plaines en avant de la montagne, au sud, à l’est et à l’ouest, leur disposition est plus propice encore. À l’orient, néanmoins, l’Apulie fait exception, avec son sol plat, uniforme, mal arrosé ; avec sa plage sans découpures, fermée qu’elle est au nord par le système montagneux des Abruzzes ; interrompue ailleurs par l’îlot abrupt du Monte-Gargano[2]. Mais, entre les deux presqu’îles du sud qui terminent la chaîne Apennine, s’étend, jusqu’au fond de leur angle, une contrée basse, très irriguée et fertile quoique aboutissant à une côte ou les havres sont rares. Enfin, le rivage au couchant se lie à une contrée large que sillonnent d’importantes rivières, le Tibre, par exemple, et que

  1. Sana-Gallica, et Ariminum.
  2. Garganus mons.