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RELIGION

date immuable, ou si à force d’art il sera possible d’en reculer l’apparition dans de certaines limites : ils montraient à enfermer la foudre une fois tombée, à la contraindre à frapper, quand elle ne fait que menacer encore : se livrant à cent autres manœuvres où se laissent trop facilement voir les incitations de la cupidité professionnelle. Une méthode aussi compliquée n’était en rien conforme au système de la piété romaine ; et, ce qui le prouve, c’est que si, plus tard, elle fut parfois suivie dans Rome, jamais elle ne tenta de s’y établir à demeure. Les Romains trouvèrent toujours de quoi satisfaire leur curiosité pieuse dans les oracles indigènes ou grecs. — Sous un autre rapport, la religion étrusque dépasse sa voisine, lorsque, s’emparant de ce qui fait absolument défaut chez celle-ci, elle ébauche, sous le voile des rites sacrés, une sorte de philosophie spéculative. Le monde étrusque a ses dieux, au-dessus desquels planent les dieux cachés, que le Jupiter toscan, lui-même, consulte : mais ce monde est fini et périssable ; et, comme il a eu son commencement, il tombera en dissolution, après un long temps, dont les siècles marquent les heures. Y avait-il quelque chose de sérieux au fond d’une telle cosmogonie et des systèmes philosophiques de l’Étrurie ? Question difficile à résoudre. Le dogme étroit de la fatalité ; le jeu aveugle des nombres, y semblent, en tout cas, prédominer tristement.