Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 1.djvu/281

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
261
L’AGRICULTURE, L’INDUSTRIE ET LE COMMERCE

teste combien ce dernier métal n’a été travaillé que tard dans le Latium ; et si nous consultons le rituel, nous y voyons que, jusque fort tard aussi, la charrue et le couteau sacerdotal étaient d’ordinaire faits de cuivre. Les divers métiers pratiqués à Rome contribuèrent puissamment à l’activité et au progrès de la ville, ainsi qu’à son influence sur les peuplades latines. Il ne convient pas si l’on veut avoir la mesure de l’industrie romaine à cette époque reculée, de prendre en considération un état de choses plus récent, alors qu’une innombrable multitude d’esclaves exerçaient des métiers au profit de leur maître, et que le luxe attirait dans la ville une masse de marchandises étrangères. Les antiques chants nationaux ne célèbrent pas seulement Mamers, Dieu des combats, mais aussi Mamurius, l’habile armurier, qui a su forger pour ses concitoyens des boucliers pareils au bouclier divin un jour tombé du ciel[1]. À Rome comme partout ailleurs, au début de la civilisation, celui qui forge le soc et l’épée est tenu en même estime que celui qui les manie : on est loin encore de ce dédain superbe de la postérité pour tout ce qui est travail de l’artisan. Quand la réforme Servienne eut assujetti les domiciliés à l’obligation du service militaire, les industriels n’étant point, pour la plupart, établis à demeure, se virent de fait, sinon par la vertu de la loi, exclus du droit de porter les armes. Je fais une exception pour les charpentiers, les ouvriers en bronze et quelques catégories de joueurs d’instrument, qui reçurent une sorte d’organisation militaire, et dont certaines escouades accompagnaient l’armée. Peut-être est-ce là

  1. [Mamuri Veturi nomen frequenter in cantibus Romani frequentabant hac de causa : Numa Pompilio regnante, e cœlo cecidisse fertur ancile… unaque edita vox, omnium potentissimam fore civitatem, quamdiu id in ea mansisset. Itaque facta sunt ejusdem generis plura quibus misceretur, ne internosci cæleste posset. Probatum opus est Mamuri. — Fest., éd. Müller, p. 131. — Ovid., Fast., 3, 391. — Propert., 4, 2, 61.]