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LIVRE I, CHAP. XIV

la théorie instinctive de l’unité divisible en unités fractionnelles égales : de là est née la notion du système de la numération, premier point de départ de la pensée mathématique. Cette pensée, traduite en nombres duodécimaux, semble, dans tous les cas, appartenir en propre à l’Italie ; elle est antérieure aux contacts de la civilisation grecque.

Mesures grecques en Italie.Mais un jour le trafiquant grec s’étant frayé la voie jusque vers les côtes ouest de l’Italie, les mesures de longueur, celles de poids, celles des corps liquides ou solides, celles, enfin, sans qui le commerce ne serait pas possible, se trouvèrent plus ou moins affectées par ce nouveau contact international. Les mesures de surface seules ne furent pas changées. Le pied romain, plus tard un peu plus court que le pied grec[1], était alors ou égal ou tenu pour tel. Outre sa division latine en 12 douzièmes, il fut, comme le type grec, partagé en 4 palmes (palmus et 16 pouces (digitus, doigt). Puis les poids furent mis en exact rapport avec les poids athéniens, usités dans toute la Sicile (mais non à Cymé) : autre et nouvelle preuve de la voie suivie par le commerce. Quatre livres romaines valent 3 mines attiques, ou plutôt la livre romaine équivaut à une litra et demie ou demi-mine et demie de la Sicile (p. 271). Mais les noms et les rapports les plus curieux et les plus mêlés se retrouvent surtout dans les mesures des corps. Les noms y sont faits, ou d’un mot grec corrompu (amphora, modius qui vient de μέδιμνος ; congius, de χούς ; hemina ; cyathus) ; ou d’un mot traduit du grec (acetabulum[2], d’ὀξύβαφον). En revanche, le grec ξέστης est aussi une corruption du latin sextarius (setier). Toutes les mesures sont identiques, à peu d’exceptions près : pour les li-

  1. Le pied romain n’atteint qu’aux 24/25 du pied grec.
  2. [Vinaigrier, et plus tard, mesure de capacité, 1/4 de l’hémine.]