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LIVRE I, CHAPITRE II

tout cela prouve le commerce international, mais nullement l’unité originaire des peuples. En ce qui touche les Grecs et les Romains, et malgré les rapports suffisamment connus qui existent entre leurs deux civilisations, il serait absolument téméraire de soutenir que l’agriculture chez les seconds, pas plus que l’écriture et la monnaie, aurait été importée de chez les premiers. Nous n’y méconnaissons pas pourtant les nombreux points de contact, la communauté même des plus anciens termes techniques (ager, ἀγρός ; aro, aratrum, ἀρόω, ἄροτρον ; ligo, rapproché de λαχαίνω ; hortus, χόρτος ; hordeum, χριθή ; millium, μελίνη ; rapa, ῥαφανίς ; malva, μαλάχη ; vinum, οἶνος). Nous voyons aussi ces ressemblances se produire jusque dans la forme de la charrue, qui est la même sur les monuments anciens de l’Attique et de Rome ; dans le choix des céréales primitives ; le millet, l’orge, l’épeautre ; dans l’emploi de la faucille pour couper les épis ; dans le battage des grains foulés par le bétail sur l’aire unie ; enfin même jusque dans leurs préparations alimentaires (puls, πόλτος ; pinso, πτίσσω ; mola, μύλη) ; la cuisson du pain au four est de date plus récente, et nous voyons dans le rituel romain figurer seulement la pâte, ou la bouillie de farine. La vigne a de même précédé en Italie les premiers contacts de la civilisation grecque : aussi les Grecs ont-ils appelé cette terre Œnotrie (Οἰνωτρία, pays du vin), et cela, ce semble, dès l’arrivée de leurs premiers immigrants. On sait aussi de science certaine que la transition du régime pastoral nomade au régime de l’agriculture, ou plutôt que la fusion de tous les deux, pour s’être effectuée après le départ des Indo-Germains de la patrie d’origine, remonte cependant à une date antérieure à la division du rameau italo-hellénique. À cette même époque les deux peuples se confondaient avec d’autres encore dans une seule et grande famille : et la langue de leur civilisation, tout à fait étrangère à