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ÉTABLISSEMENTS LATINS

La cité.Dans l’origine, ces communautés de famille n’ont pas formé autant de centres indépendants les uns des autres : elles ne furent d’abord considérées que comme les éléments intégrants d’un corps politique (civitas, populus). La cité se compose d’un certain nombre de pagi ayant une souche commune, parlant la même langue, obéissant aux mêmes usages ; obligés les uns envers les autres à se prêter l’assistance d’une justice et d’une loi pareilles, associés ensemble, enfin, pour la défense et pour l’attaque. La cité, de même que la gens (famille) a toujours sur un point du territoire son emplacement déterminé. Mais comme les citoyens, membres des diverses gentes, habitent dans leurs villages respectifs, il se peut faire que le chef-lieu de la cité ne constitue pas à proprement parler une agglomération d’habitants : il peut n’être que le forum de l’assemblée générale, enfermant le lieu du conseil et de la justice, et les sanctuaires communs, où les citoyens se réunissent tous les huit jours pour leur plaisir ou pour les affaires ; où, en cas de guerre, ils trouvent, pour eux et leur bétail, dans une enceinte fermée, un plus sûr abri contre les incursions de l’ennemi. Mais ce chef-lieu n’est encore ni régulièrement, ni beaucoup peuplé. Son emplacement s’appelle en Italie, la hauteur (capitolium, ἄϰρα, le sommet du mont) ; ou la citadelle (arx, d’arcere, repousser) : il n’est point une ville : il le deviendra plus tard, quand les maisons allant s’appuyer à la citadelle, se seront entourées d’un ouvrage (oppidum) ou d’une enceinte (urbs, voisin de urvus, curvus, orbis). La différence, essentielle entre la citadelle et la ville tient surtout au nombre des portes : la première n’en a que le moins possible, une seule d’ordinaire ; la seconde en a beaucoup, trois au moins. La forteresse centrale avec les pagi bâtis au dehors constitue un système propre à l’Italie : on en retrouve encore la tradition et les vestiges