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LIVRE I, CHAPITRE III

manifeste dans les parties du pays où les villes ne se sont formées et accrues que fort tard, où les agglomérations d’habitants ne se sont que partiellement effectuées. Dans l’ancienne contrée des Marses, par exemple, et dans les petits cantons des Abruzzes, quand on parcourt le pays des Équicules, lesquels, au temps des empereurs, n’avaient point de villes, mais demeuraient dans de nombreux bourgs ouverts, on retrouve une multitude d’anciennes enceintes murées, sortes de cités désertes, avec leur sanctuaire particulier debout encore, et qui firent l’étonnement des archéologues romains, comme de ceux de nos jours. Les Romains les attribuaient à leurs Aborigènes (aborigines) : les modernes ne manquent jamais de les assigner aux Pélasges. N’est-il pas plus exact d’y voir, non pas d’anciennes villes fermées, mais bien plutôt les réduits ou refuges des habitants des pagi qui en relevaient. De tels refuges, plus ou moins artistement construits, ont existé sans nul doute dans toute l’Italie à une époque où quelques peuplades, passant de la vie des champs à la vie urbaine, entouraient d’une muraille de pierre les villes à population agglomérée : on doit tout naturellement penser que celles aussi qui continuèrent de demeurer dans les villages ouverts ont dû remplacer par des ouvrages de pierre les remparts de terre et les lignes de pieux de leurs forteresses. Mais plus tard, la paix et la sécurité régnant dans les campagnes, les refuges devinrent inutiles ; ils furent abandonnés ; et leur destination première devint une sorte d’énigme pour les générations postérieures.

Premières villes.Les pagi, avec leurs forteresses pour chef-lieu, ou les associations formées par un certain nombre de gentes, sont donc de véritables unités politiques déjà constituées au moment où va s’ouvrir l’histoire de l’Italie. En ce qui touche le Latium, nous ne pouvons dire avec cer-