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LES COMMENCEMENTS DE ROME

séparées et distinctes, s’est perpétué dans l’un des plus anciens rites de Rome, le Sacrifice du cheval[1], qui se célébrait au Champ de Mars, au mois d’octobre de chaque année. Dans cette fête, on vit longtemps les hommes de la Subura disputer la tête du cheval aux hommes de la rue Sacrée (via Sacra) ; et, suivant que les uns ou les autres l’emportaient, cette même tête était clouée à la tour Mamilienne (dont on ignore l’emplacement), ou contre la demeure royale, sur le Palatin. C’était donc les deux moitiés de la vieille ville qui luttaient ensemble, à armes et droits égaux. À cette époque, les Esquilies (Ex-quiliœ), dont le nom, pris à la lettre, exclut complètement les Carines, étaient réellement ce que leur appellation indique, des constructions extérieures (ex-quiliœ, in-quilinus, de colere), un faubourg. Elles devinrent le troisième quartier dans l’organisation postérieure ; et, à côté du Palatin et de la Subura, elles furent toujours tenues en moindre estime. Nous croyons enfin que la ville aux sept monts a pu encore englober, d’autres hauteurs voisines, le Capitole et l’Aventin. Mais le pont sur pilotis (pons sublicius), venant se soutenir sur l’étai naturel de l’île Tibérine, existait aussi dès époque : le collège des Pontifes, déjà institué, l’atteste ; et je crois même volontiers que les Romains n’avaient pas dû négliger le Janicule, cette tête de pont commandant la rive étrusque. Ni l’un ni l’autre pourtant n’étaient compris dans l’enceinte de la cité. Il demeura toujours de rite religieux qu’il n’entrât aucun morceau de fer dans la construction ou dans l’entretien du pont ; ce que l’on conçoit, en se reportant aux nécessités de la défense de la Rome ancienne. Il fallait là un pont volant, qui pût être rapidement abattu ou brûlé : ce qui prouve que, pendant longtemps, la possession du passage du fleuve demeura incertaine, ou qu’elle fut souvent interrompue.

  1. [Equus bellator.— Preller, p. 399.]