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LIVRE II, CHAP. I

leur assemblée noble la suprématie qu’ils avaient eue entière à l’époque où seuls ils étaient les représentants de la cité ; et s’ils avaient perdu ici quelqu’un de leurs privilèges, ils pensaient bien l’avoir regagné ailleurs. Sans doute, le roi, comme aujourd’hui le consul, avait appartenu au patriciat : mais, tandis que du haut de sa grandeur il dominait à la fois patriciens et plébéiens ; tandis qu’il était tenté souvent de s’appuyer sur la foule, pour combattre la noblesse, le consul, au contraire, ne cessait pas d’appartenir à sa caste. Il ne revêtait qu’un pouvoir éphémère : sorti de la noblesse, il redevenait simple citoyen noble à l’issue de sa charge ; il obéissait le lendemain à ceux auxquels il commandait la veille : chez lui, enfin, le patricien l’emportait sur le magistrat. Que si, par impossible, il était hostile à la noblesse, il se heurtait aussitôt contre les idées nobiliaires et absolues du sacerdoce : il avait à ses côtés un collègue qui le gênait ; il avait à redouter un dictateur et la suspension de sa propre magistrature : par-dessus tout, le temps lui manquait, le temps, cet élément premier et indispensable de la puissance. Quelque étendues que soient les attributions du chef de l’État, il n’aura jamais dans sa main la puissance politique, si sa fonction n’est pas à long terme. Il faut durer pour dominer : aussi, déjà considérable au temps même des rois, l’assemblée patricienne, avec ses membres à vie, accrut rapidement son influence et prit une situation prépondérante en face du magistrat suprême annuel, et, par une sorte d’interversion des droits, elle devint le pouvoir régnant et gouvernant, tandis que le fonctionnaire qui avait gouverné jusque-là, descendait au rang d’un simple président, n’ayant plus avec la préséance, que des fonctions purement exécutives. Si la constitution n’exigeait pas formellement, avant de déférer la motion au vote du peuple, la délibération préalable et l’assentiment du