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LIVRE III, CHAPITRE I

culture, avait, avant tout, des havres excellents; du bois, des métaux en abondance. Aussi, est-ce bien sur ces plages, où le continent oriental, avec tous ses produits luxuriants, vient aboutir à la vaste mer intérieure, toute parsemée d’îles et de rades, que l’on a vu, pour la première fois peut-être, parmi les hommes, le mouvement commercial naître etprendre aussitot un immense essor. Tout ce que peuvent l’audace, l’intelligence et l’inspiration dans les conceptions; les Phéniciens l’ont tenté, pour donner à leur commerce et à ses branches accessoires, navigation, industrie, colonisation, tous les développements qu’elles comportent, et pour rattacher l’est à l’ouest par le lien des relationsinternationales. Dès les temps fabuleusement reculés, nous les rencontrons dans l’île de Chypre et en Égypte, en Grèce et en Sicile, en Afrique et en Espagne, et jusque sur les rivages de l'Atlantique et de la mer du Nord. Leur rayon commercial s’étend depuis Sierra-Leone et la terre de Cornouailles dans l’ouest, jusqu’à la côte de Malabar, dans l’est. C'est par leurs mains que passent l’or et les perles d’Orient, la pourpre tyrienne, les esclaves, l’ivoire, les peaux de lion et de panthère de l’intérieur de l’Afrique, l’encens d’Arabie, le lin d’Égypte, les poteries et les vins généreux de la Grèce, le cuivre de Chypre, l'argent de l'Espagne, l'étain de l’Angleterre et le fer de l’île d’Elbe. Les vaisseaux phéniciens apportent à tous les peuples tout ce qui peut leur faire besoin, ou tout ce qu’ils peuvent acheter; ils parcourent les mers, mais reviennent toujours dans la patrie à laquelle ils restent attachés de cœur, si resserréesLeur genie intellectuel. qu’en soient les frontières. Ce peuple a mérité, vraiment que l’histoire le célébrât à côté des Grecs et des Latins : mais chez lui aussi, et plus que chez nul autre peut-être, se vérifie d'une nmanière éclatante le phénomène caractéristique des époques antiques : l’iso-