Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 4.djvu/276

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212 J- Ltvhti lll, CHAPITRE xiv ' l'hCllÉlllSlll€ national; et les représentants des premiers avaient tout d'ubord mission cl’introduire leur public dans la région littérai1·e. Peut-être aussi qu’ils cédaient instinctivement au sentiment de leur infériorité poétique. Peut·être qu`ils s’en tenaient à Euripide et à Ménandre, faute de pouvoir atteindre aux hauteurs de Sophocle ou même d'Aristophane. La vraie poésie est essentiellement indigène, et s'acclimate dllicilement quand elle est trans- plantée : l'esprit et l'intelligence, au contraire, ces dons suprêmes du génie d’Euripide et de Menandre, sont . volontiers de tous l_es pays. Sachons gré aux poëtes du , v1° sièclede ne s’être point asservis,à la littérature _ grecque du jour, à l·’alc:càndrinismc, ainsi qu’0n l’ap- I É pelait, et d’avoir voulu remo'nterjusqu’aux siècles classi- ï ques, touten n'y choisissant pas les plus riches etles plus purs modèles. Si- nombreux que_ fussent leu1·s remanie- ' ments contraires à la vérité, et' leu1·s contre-sens artisti- ques, ils commettaient un péché pareil à ceux commis contre lÈÉvangile·pa1· ces missionnaires que_les circon- `stances locales condamnent à mêler de pieux men- ' songes à la pureté de leur enseignement. L’l1istoire et l’art commandent le pardon envers les anciens écrivains latins : ils ont eu la foi inséparable de l’esprit de pro- · pagandel Qulon juge de la mission d’Ennius autre-' ment qu'Ennius ne _l'a fait lui-même, soit! Mais si vous concédcz qu’en matière de foi le point principal n’est point tant ce que l'on croit, que comment l'on doit croire, vous ne refuserez ni votre assentiment ni votre admiration aux poëtcsdu VIE siècle. Un sentiment

 vif et proi`0nd de la littérature universelle de l:1·Grèce, _

un saint désir d'acclimater l’arb1·e· merveilleux sur un · sol étranger, voila l’idée, le soullle qui pénètre leur œuvre tout entière,`et qui s'allie singulièrement avec les émotions exaltées d'une grande époque! Plus tard, ` _ un hellénisme mieux éclairé ne leur jettera plus' qu'un