Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/146

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q 134 LIVRE V, CHAPITRE XI n obérés ne possédaient plus leurs terres qu’à titre précaire ‘ et nominal en face de leurs créanciers : les débiteurs ordi- · I _ naires devenaient à proprement parler les esclaves des ` ' porteurs de titres, et de deux choses_l’une, ou bien étant de médiocre condition, ils se montraient at leur suite dans dans la troupe des affranchis, quand ceux‘de noble nais- _ sance parlaient et votaient au Sénat·sur un signe, ou bien ils conspiraient contre la propriété, épouvantant le créan- cier par d’horribles menaces, et demandant quittance aux complots et à la guerre civile. Ainsi s’explique la richesse et la puissance d’un Crassus: ainsi éclatent au mot d’or- ' dre de la « feuille blanchie des registres de créance 1, » ` . les tumultes dont les Cinna, les Catilina, les Cœliuset j ` les Dolabella furent_les héros 2 ainsi s’étaicnt livrés, C - l un siècle avant, dans le monde Hellénique, la bataille en ‘ 4 tous pointssemblable de ceux qui possédaient contre ceux ` qui ne possédaient pas (IV, p. 14.). Le terrain économique V , miné à une telle profondeur, on cornprend quels épouvan- · tables ravages apportait le moindre orage politique ou financier: je n’ai pas à en énumérer les désastres périodi- > V ques, disparition du capital, avilissenient soudain de la ' propriété foncière, banqueroutes sans nombre, ccssationf générale des paiements`! On les avait subis pendant la guerre sociale, et la lutte contre Mithridate (VI. p. 26-27), _ on les subit encore pendant la guerre civile. D,,,,,,,,,,, Il va de soi que les bonnes mœurs, et la vie honnête de ' "“ '"œ“‘°· famille, at tous les dégrés de l’échelle sociale, n’étaient ' plus que choses de rebut. La pauvreté ne devenait pas ·· seulement le pire vice et la grande honte, on la procla- mait aujourd’hui le vice unique: pour de l’argent` l’hom- _ V ' me politique vendait sa patrie , lecitoyen sa liberté : pour - 1 ·. de l’argent on avait des grades à Parmée, et les tablettes ' de·vote des jurés : pour de l’argent, la noble dame s’a- bandonnait comme la p1·ostituée des rues : les faux cn . ‘ |Les N0vzc·Tabttlw, supra p. 55-56.] A