Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/234

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222 LIVRE V, CHAPITRE XII _ . temps des Scipions; on porto aux nues Ennius, Pacuvius, Plaute surtout. Les feuilles Sybillines sont en hausse, a proportion de leur rareté plus grande: jamais les poètes du v1° siècle, leur nationalisme relatif et leur fécondité ' relative ne rencontrèrent faveur plus marquée qu'en ce _ siecle d'Ép£g¢mcs raffinés. Pour ceux-ci, en littérature · comme en politique, l’ère des guerres d’Hannibal est l’age . d’or de Rome, l’ère du passe, irrévocable, hélas ! Nul doute · qu'à cette admiration des vieux classiques il ne se mêlât pour bonne part la même dévotion creuse qui se trouve au fond des idées conservatives d’alors. Et puis, il ne man- quait point d’hommes tenant pour les opinions moyennes. Cicéron, par exemple, le champion principal des tendan- ` ces nouvelles dans la prose, Cicéron professait pour 1’an· cienne poésie _nationale le même respect quelque peu réchauffé que celui dont il fait parade envers la constitu- tion aristocratique et la science augurale: « le patriotisme, le veut » s’écrie—L-il,°« lisez, plutot que l’original, telle tra- » duction de Sophocle notoirement mauvaise! » Donc, pendant que l’école nouvelle, affiliée aux idées de la-' monarchie démocratique , comptait aussi bon nombre _ d’adbérents muets parmi les admirateurs fidèles d’Ennius, il ne manquait point non plus de juges plus audacieux malmenant dans leurs propos la littérature indigène tout aussi bien quela politique sénatoriale. Ceux—ci reprenaient , pour leur compte les critiques sévères de l’école des Scipions. Térence seul trouvait grâce devant eux : Ennius et ses disciples étaient condamnés sans appel; bien plus, V lesjeunes et les téméraires, dépassant les bornes dans cette levée hérétique de boucliers contre l’orthodoxie littéraire, osaient qualifier Plaute de grossier bouffon, et Lucilius de mauvais marteleur de vers. Ici l’école moderne tourne le dos a la littérature nationale, et se donne tout aux Grecs nouveaux , à l’Alexandrinisme, ainsi quÈil s'appelle. i · ll nous faut bien parler avec quelques détails de·cette ` 2