Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/264

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252 ` LIVRE V, CHAPITRE XII · scientifique, et n'avait songé qu’à vêtir d’un poétique _ -vêtement ses élucubrations de fabuliste : auteur agréable et beaucoup lu, il n’avait été rien moins qu’un philo- sophe l. Autant faut—il en dire dc Ménippe, vrai coryphée littéraire `d’une secte, dont toute la sagesse consistcà renier la- pbilosophie même, àbafouer ses adeptes, `à pratiquer enfin le cynisme de Diogène. Professeur bouffon d’une doctrine après tout sévère, ce méme Ménippe avait enseigné par des exemples assaisonnés de boutades mo- queuses qu’en dehors de la vie honnête tout n’est que vanité ici-bas et la—haut ; mais que rien surtout n’est plus vain··que les querelles des prétendus sages 2. Voila quels furent les vrais modèles de Varron, ce Romain des-anciens jou rs, plein de haine contre les misères du temps présent, tout plein aussi de l’humeur- goguenarde des ancètres, non étranger d’ailleurs au sentiment plastique, mais par - là méme insensibleatout ce qui n’était·point faitmatériel ou figure réalisable, a tout ce qui était idée ou système, en un mot le plus antiphilosophique des antiphilosophi- ques romains 3. Néanmoins, à rester disciple, il garde sa • Héraclide fut disciple de Platon, à Athènes; et le maître, partant U pour la Sicile, lui confia la direction de l’école pendant son absence. Il étudia les Pythagoriciens, et reçut aussi les leçons d’Aristote. , ` Polygraphe au premier chef, philosophie, mathematiques, musique, histoire, grammaire et poésie, il avait touché·à `tout. ll ne—nous reste rien de ses ouvrages, sauf un résumépolitique (-xrepl noklvtœv) dont Pauthenticité encore est douteuse.] · _ ‘[1|Iénz)1pe, de Gadara (Sy1·ie), esclave d’abord, s’adonna ala phi- losophie cynique (Diog. Laert. 6, 99) zde ses écrits satiriques, et persiffleurs, il ne reste rien que le nom qu’il a laissé, nom adopté parVarron, par Lucien, par J. Lipse chez les modernes (Satyr. l|Ié1iipp.),_et, par notre fameuse Satire Méuippée. — Il est cité par Gell. 2, 18, Macrobsl, ll; et Cic., qui le mentionne dans ses Aca- démiques (Acad. 1,2). - Frey, de vita scrisptisque Men. cynici et de sat. T. Varr. Coloniœ, 1843.] ·_ s Quoi de plus enfantin que le tableau Varronien des diverses philosophies? Varron commence par èlimineriout système qui ne sepropose pas le bonheur de l’homme comme fin dernière ; puis cette distinction faite, il n’énumère pas moins de28§ philosophies diverses. L’habile homme etait trop érudit pour convenir qu’il ne pouvait