Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/270

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I 258 LIVRE V, CHAPITRE Xll dilemme evidemment). A ces tendances morales et dispu- teuses tout ensemble, à ce don de 1’expression caustique · et pittoresque qui ne l’abandonnajamais, même aux jours de Pextrème vieillesse (les personnitications et le dialogue du Traité de lagriculture (cle re rustlca) écrit ài quatre- · vingts ans, en sont la preuve), Varron joignait de la façon · la plus heureuse la connaissance incomparable des mœurs et de la langue nationales. Cette science, qui ne se mani- feste plus que sous forme de spiciléges dans les écrits purement philologiques des derniers temps de sa vie, se déploie au contraire ici directement,' dans sa plénitude et sa verdeur première. Varron, dans le sens le meilleu1· et complet du mot, est le prince de l’érudition locale. Il sait · son pays par cœur, pour lfavoir étudié lui-même pendant · de nombreuses années, aussi bien dans les particularités et les traditions exclusives du temps jadis, que dans les h dissipations et l’abâtardissement des temps actuels. Il sait de première main les mœurs et la langue nationales : il a complété et approfondi son savoir par d’infatigables _ recherches dans les archives de l’histoire et de la littéra- ture l. Ge qui lui manqua nécessairement en érudition; en aperception claire et vraie, selon nos idées modernes, il y suppléa à force d’étude sagace et de vif sentiment de la poésie. Il ne courut point après les anus de l'antiquaire, après les mots surannés ou poétiques 2 : il resta l'homme antique et de souche franche, presque un rustique, aimant à converser tous les jours et de longue habitudeavec les classiques nationaux. Aussi, il ne pouvait pas se faire qu’il ne s’étendît maintes fois dans ses écrits sur les cou- tumes de ses pères, aimées de lui par dessus tout et qui

  • [ll fut, a-t-on dit spirituellement, un glouton de livres (helluo

librorum), le Gabriel Naudé de son temps : « ll avait tant lu,qu’0n » s’ét0hne qu’il ait eu le temps d’écrire : il a tant ecrit, .qu’on a >> peineà cr0ire,qu’il ait pu tant lirc>> (S. Aug. de civ. Del. 6, 1.] 2 ll dll qtlûlqtlû püft, ZW80 LUI gtillld SCRS, (IUC « SBIIS üîlllût . » beaucoup les vieux mots, il en use assez souvent, el qu’aimaut » beaucoup les mots poétiques, il n’en use point.·»