Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/73

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VIEILLE RÉPUBLIQUE, NOUVELLE MONABCHIE - 61 · tenté de les détruire par la proscription ou deles éloigner par l’exil. Pour son grand dessein, force était à César de re- courir auparti constitutionnel, qui ne renfermait point seulement l’aristocratie, mais aussi tous les éléments _` libéraux et nationaux survivant chez les`citoyens ita- liques. Voulant le rajeunissement d’un vÉtat tombe de Y vieillesse, il avait besoin de tous'les talents, de tous les. hommes importants parmi eux par leur éducation, leur crédit de famille ou leur considération acquise; et I c’est justement ainsi qufil disait que pardonner à ses adversaires est le plus beau fleuron de la victoire 1. Donc, il se défit des chefs les plus en vue, en même temps qu'aux hommes du` second et du troisième ranget qu’a _ toute la génération plus jeune il donnait la grâce entière. _ Mais il ne leur permit point les bouderies d’une opposition passive, et, bon gré mal gré, les amena en douceur à prendre part aux affaires du gouvernement nouveau, ne Y leur refusant ni les bonneurs ni les magistratures. Comme pour Henri IV et Guillaume d’Orange, les A grandes difficultés pour lui étaient celles du lendemain. ` Telle est l’expérience qui s’impose à tout révolutionnaire . victorieux 2 si, après son triomphe il ne veut pas, comme , _Cinna et Sylla, rester simple chef de’ faction; si, comme César, Henri IV et Guillaume, il veut, abandonnant le programme nécessairement exclusif d’une opinion, fonder C- · son édifice sur l’intérêt commun de la société, aussitôt ' _ tous les partis,, le sien comme ceux qu’il a vaincus, se ` i dressent unis contre ce regent qui s’impose: plus grand · est son dessein, plus pures ses vues, plus leur haine _ s’acharne. Les constitutionnels et les Pompéiens pretaient des lèvres hommage a César, et, frémissant au fond du ' cœur, ils maudissaient la monarchie ou tout au moins la dynastie nouvelle; Lesdémocrates, rabaissés, discrédités, ` depuis qu’ils comprenaient que le but de César n’était · ‘ [V. VII, p. 253, n. 2.] ’ I