Page:Monod - Jules Michelet, 1875.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

idées du passé. Michelet, sans partager les croyances catholiques[1], admira le rôle bienfaisant de l’Église, la grandeur de son développement historique pendant les premiers siècles du moyen âge, et se laissa aller sans arrière-pensée à la sympathie que lui inspirait « cette mère du monde moderne ». La vie de l’Église se confondait pour lui avec la vie même de la patrie, et la renier c’eût été en quelque sorte renier la France. Non-seulement il écrivait sur l’architecture gothique, sur la sainteté du célibat ecclésiastique, sur la piété du roi Robert et de saint Louis, des pages d’une beauté incomparable, mais il éprouvait pour l’Eglise les sentiments d’une affection toute liliale : il n’osait toucher « aux plaies d’une Eglise où il était né et qui lui était encore chère… Toucher au christianisme ! ceux-là seuls n’hésiteraient point qui ne le connaissent pas. Pour moi, je

  1. Il eut pourtant vers dix-huit ans une période de mysticisme et de foi ; n’ayant pas reçu le baptême dans son enfance, il se fit volontairement baptiser en 1816. Mais dans ses premiers écrits, on voit que, s’il conserve du respect pour l’Église, il n’a plus la foi.