Page:Monod - Jules Michelet, 1875.djvu/105

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l’amour sans justice un caprice immoral. Il s’émut, s’indigna en voyant la dureté de l’Église pour la femme qu’elle regarde comme un être impur, cause de tentation et de chute ; sa dureté pour l’enfant, qu’elle damne, s’il meurt sans baptême ; sa dureté pour l’animal à qui elle refuse une âme et en qui elle incarne les démons ; sa dureté pour la nature entière, qui représente le mal et le péché. Il regarde le célibat des prêtres comme un attentat contre la vie ; la doctrine du péché originel comme un blasphème contre l’enfance ; la distinction des élus et des damnés, du ciel et de l’enfer, comme une injure à la bonté de Dieu. L’amour divin enseigné par l’Évangile ne lui apparaissait que défiguré par les mièvreries de la dévotion et par l’orgueil de la théocratie ; il ne le trouvait ni assez large ni assez ardent pour satisfaire son cœur. Comment la Bible juive et chrétienne, issue d’un seul peuple, pourrait-elle répondre aux besoins de l’humanité ? Il lui fallait une Bible plus vaste, où toutes les nations auraient mis le meilleur de leur âme et de leur histoire. C’est de cette Bible de