Page:Monod - Jules Michelet, 1875.djvu/78

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la France, Michelet voyait déjà réunis « tous les drapeaux des nations, le tricolore vert d’Italie (Italia mater), l’aigle blanc de Pologne (qui saigna tant pour nous !), le grand drapeau du Saint-Empire, de ma chère Allemagne, noir, rouge et or. »


En 1848, ces rêves splendides avaient été dissipés par les fusillades des journées de juin. En 1870 le réveil ne fut pas moins terrible.

Au moment où la ruse ambitieuse de la Prusse et la légèreté criminelle du gouvernement français menacèrent l’Europe d’une guerre impie, Michelet, presque seul, osa protester publiquement contre l’entraînement d’un chauvinisme vaniteux et brutal. Sa clairvoyance d’historien et son sens profond de la justice lui faisaient prévoir l’issue de la guerre. Il avait droit d’être écouté, lui qui toute sa vie avait prêché le patriotisme, comme on fait d’une religion. Sa voix se perdit dans le tumulte, et