Page:Monod - Renan, Taine, Michelet, 1894.djvu/243

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Charles VIII jusqu’à 1789. Cette seconde partie de l’histoire de France est conçue dans un tout autre esprit et exécutée d’après une tout autre méthode que la première. L’homme d’action, le poète, le philosophe l’emportent désormais sur l’historien et le critique. Au lieu d’une sympathie équitable pour toutes les grandeurs du passé, Michelet attaque avec violence tout ce qui n’est pas conforme à son idéal moderne de justice et de bonté, le moyen âge, le catholicisme, la monarchie. Au lieu de donner à chaque événement, à chaque personnage la place proportionnée qui lui est due, il se laisse guider par les caprices de son imagination, se répand à chaque instant en des digressions poétiques. Enfin il ne nous donne plus un récit suivi des faits, mais une série de considérations, de réflexions, d’appréciations à propos des faits. Toutefois, s’il est moins réglé et moins sage, son génie n’en éclate qu’avec plus de puissance. Ce n’est plus une lumière continue et limpide, ce sont des éclairs qui illuminent par secousses. Qui a jamais su dire comme Michelet la joie héroïque de Luther, la mélancolie sublime d’Albert Durer, la sombre énergie des martyrs calvinistes, la fine et luxurieuse corruption des Valois ? Tout est nouveau,