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scènes de famille, nous les citons avec plaisir tout en déplorant l’ingratitude de la société qui, pour tant de services, a seulement nommé Marc Séguin, officier de la Légion d’honneur. Au reste, par son caractère indépendant il ne courait pas après les décorations.

De l’illustre Séguin, Fontenay passa à son gendre Raymond de Montgolfier qui le laissa à ses deux fils Auguste et Henri avec la douce obligation de continuer les traditions du grand-père. Ces deux jeunes maîtres conserveront soigneusement les restes de l’abbaye, non pas parce qu’ils sont utiles a leur industrie, mais à cause des précieux souvenirs qui y sont attachés.

Les anciens bâtiments ont changé de destination, mais l’esprit primitif qui a présidé à leur fondation existe toujours. Les premiers constructeurs voulaient moraliser les populations par la vertu et leur procurer un bien-être nouveau par le travail des champs. Les nouveaux propriétaires ont le même but qu’ils remplissent par une industrie plus en rapport avec nos mœurs.

Les voûtes antiques de la vieille église ne répètent plus la mélodie des chants liturgiques, elles entendent seulement le clapotement des rames de papier s’entassant les unes sur les autres en attendant qu’elles passent sous la presse peut-être pour critiquer l’œuvre des moines.

Tout un collatéral est dédié au culte et forme la chapelle où chaque dimanche les ouvriers viennent payer à Dieu le tribut de leur reconnaissance et apprendre que leur Sauveur a aussi travaillé puisqu’il n’était pas venu pour être servi mais pour servir.