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Les cloîtres ne résonnent plus sous les pas mesurés et calmes comme les mouvements du cœur des religieux, se promenant solitaires, silencieux comme les figures peintes sur les murailles, mais ils retentissent plusieurs fois chaque jour de la joie des ouvriers, allant prendre leur modeste repas et venant avec un nouvel attrait reprendre leur travail.

Les salles capitulaires n’entendent plus les conférences mystiques du Révérend Père abbé à ses frères. Elles sont occupées par les trieuses de papier qui répètent seulement le léger bruissement d’une feuille glissant rapidement sur une autre, ou fredonnent quelquefois un chant qui ne sent pas toujours la pudeur qui y était autrefois observée.

Le frère hôtelier n’est plus, mais une gracieuse concierge introduit toujours les visiteurs, ou bien distribue l’argent et les vivres aux malheureux qui, par tradition, connaissent toujours la route du monastère où ils ne vont jamais en vain.

Les vastes celliers ne contiennent plus les 777 doubles de blé à la disposition des nécessiteux, mais en retour, ils fournissent un travail qui alimente journellement les deux cent cinquante ouvriers de Fontenay.

Continuateurs des traditions locales, les deux frères de Montgolfier sont au xixe siècle ce qu’étaient les moines au moyen âge pour les travailleurs des abbayes, des bienfaiteurs ; mais des bienfaiteurs comme on les entend de nos jours, c’est-à-dire des hommes ne donnant pas l’aumône pour encourager l’oisiveté, mais fournissant à leurs ouvriers le moyen de vivre honnêtement ; des patrons payant un salaire justement mérité, donnant eux-mêmes l’exemple du