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CHAPITRE IV

Tombeaux de Fontenay

La beauté de l’église abbatiale ne venait pas de ses vastes dimensions, de l’harmonie de ses lignes architecturales, des foules qui s’y rendaient pour prier, des pompes déployées pour les offices de ses têtes, de la mélodie de ses chants sacrés, mais elle venait principalement du grand nombre de tombes qui en couvraient tout le sol.

La rectitude des lignes, la perfection des proportions contentent l’œil du connaisseur, mais laissent son cœur froid. La vue de la tombe, au contraire, excite certaines émotions auxquelles on ne peut échapper. Ces pierres tumulaires, à Fontenay, rappelaient, d’un côté, la confiance que les bienfaiteurs avaient accordée à la vertu et aux prières des moines, et de l’autre, la reconnaissance des religieux pour leurs bienfaiteurs. Sous leur tombe les morts semblaient dire : « Ô vous qui êtes nos amis, ayez pitié de nous, » et les Pères pouvaient répondre : « Dieu nous est témoin que nous prions pour vous à chaque instant. » Un religieux ne pouvait poser le pied sur une tombe sans adresser au ciel un mémento pour celui qui reposait dessous.

Ce souvenir des morts unissait deux mondes par les liens de la solidarité chrétienne. C’est pour cela