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commencé par enlever du cœur des populations toute estime, toute affection, toute reconnaissance pour ces bienfaiteurs publics. En les sacrifiant on crut rendre service à la société, on l’a fait reculer à la plus sauvage barbarie pendant 10 ans. Les crochetages des maisons religieuses en novembre 1880 ne vont-ils pas nous ramener ces temps lamentables ?

Comment tant de terres sont-elles sorties de la stérilité la plus profonde pour étaler plus tard une fécondité relativement surprenante ? C’est que le grand travailleur Fontenay aux xiie et xiiie siècles avait 300 moines, non pas domiciliés à l’abbaye, mais disséminés çà et là dans ses granges, prieurés ou villages.

Les Prieurs ou chefs de granges avaient avec eux un certain nombre de frères convers, eu de Donnés, qui, sans avoir fait des vœux de religion ou de convers, s’attachaient à la maison pour y travailler, se sanctifier, et être sépulturés avec les prières dues à un religieux.

S’ils travaillaient avec tant d’ardeur et de soins, les moines ne voulaient pas seulement gagner leur pain à la sueur de leur front, ni enrichir leurs abbayes, ni procurer un bien-être nouveau au peuple. Ils avaient un but plus noble, plus relevé, plus moralisateur. Ils voulaient détruire un abus, déraciner un vice déplorable de la société, le mépris du travail, surtout de l’agriculture.

Au milieu des bouleversements du moyen âge, des guerres sans cesse renaissantes de nation à nation, de province à province, de château à château, le goût pour l’agriculture avait pour ainsi dire