Page:Monographie de l'abbaye de Fontenay, seconde fille de Clairvaux.pdf/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 47 —

Les religieux avaient soin d’attirer la bénédiction du ciel sur leurs entreprises. Ils savaient que la part de l’homme est le travail, tandis que le succès vient de Dieu exclusivement. Quand il fallait commencer un défrichement, le Prieur plantait la croix de bois au milieu, jetait l’eau bénite sur les ronces, les épines, les broussailles. Cette eau bénite jointe à la sueur cénobitique opérait des prodiges. Les coupeurs abattaient les buissons, les arbres séculaires ; les Extirpateurs arrachaient les racines ; les Brûleurs jetaient tout au feu qu’ils attisaient continuellement pour activer la combustion ; les cendres étaient répandues, la houe unissait la surface, la semence était jetée, et quelques mois après, la moisson dorée ondulait sous la brise des vents.

Aussitôt que la tâche de chaque jour était fixée, Pères et convers partaient au travail qu’ils devaient faire toujours en silence. Quand le moment de se reposer un instant était arrivé, le Prieur frappait dans ses mains, les instruments s’arrêtaient immobiles, chaque ouvrier rabattait son capuchon sur ses yeux, s’appuyait sur le manche de sa bêche, en méditant un instant. Quand la nuit venait mettre fin au travail, chaque ouvrier emportait une partie de ses outils auprès de sa couche pour se rappeler que la vie de l’homme est une occupation de tous les moments. (Morimond.)

Au défrichement et à la culture de la terre venait s’adjoindre un complément nécessaire, l’élevage des troupeaux de gros bétail et des moutons.

À Fontenay, il y a encore le pont de la Bouverie où passaient les bœufs allant au pâturage, à Flacey,