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ments que je coordonne. La mine est grande, mais l’exploiteur peu apte à tirer toutes les richesses qui sont cachées dans ses filons abondants.

Quand Fontenay fut tombé en commende en 1547, il eut le malheur d’être donné à des abbés insouciants qui ne craignaient pas de dissiper les titres, les livres, les trésors littéraires de l’abbaye. Indignés d’une telle félonie, les moines obtinrent de Louis XIV l’autorisation d’attaquer leur abbé commendataire, Annet Coustin de Manasdaut et ses héritiers afin de les obliger à rendre ces livres ou une indemnité en compensation. Beaucoup de pièces importantes, telles que la charte de fondation de Fontenay ont été trouvées en 1864 sur les quais de Paris, elles venaient probablement de la négligence de ces abbés qui les emportaient comme des papiers de famille, ou comme des preuves de leur riche commende.

Ce manque de livres composés par des moines de notre abbaye ne prouve pas absolument que la science y fût entièrement abandonnée. Le fait suivant le démontre clairement.

Dés 1195, le prieur Hugues, qui était déjà litterarum scientia præeminens, « qui dum esset omnium divinorum eloquiorum assiduus investigator, prœcipue tamen librorum sancti Augustini ardentissimus amator », avait voué à ce grand saint une tendre dévotion, et avait toujours demandé à Dieu la grâce de mourir le jour de sa fête. Sa prière fut exaucée, et pendant qu’il était déposé à l’église au milieu des Pères psalmodiant l’office des morts, on vit tout à coup une procession