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CHARLES MONSELET

Cet accident put être heureusement corrigé dès la première heure. Aussi M. Monselet père adressa-t-il la lettre suivante à M. Mellinet-Malassis, directeur du journal le Breton, que celui-ci s’empressa de publier :


Nantes, le 11 octobre 1829.


À M. Le Rédacteur du journal le Breton.


Monsieur,

Ma satisfaction et ma reconnaissance sont trop grandes pour que je ne cherche pas à les rendre connues de tout le monde, et j’ai pensé que vous ne refuseriez pas une place dans votre journal à la lettre d’un père qui n’oubliera jamais ce qu’il doit aux soins de M. Hossard, directeur de l’établissement orthopédique de l’hôtel Besnardière, à Angers.

Mon fils, né pied-bot, ne pouvait marcher qu’en se traînant et sur les genoux, quand je me déterminai à le soumettre au traitement ; il était alors âgé de trois ans, et sans espoir de se servir jamais de ses jambes déjà contournées elles-mêmes. Pendant son séjour à Angers, il s’est opéré un tel changement, et sa guérison est maintenant si complète, qu’il marche et court avec autant de facilité que les enfants de son âge les mieux conformés ; la cure de mon fils, soumise, en outre, à plusieurs médecins, surpasse de beaucoup mon attente, et je ne saurais trop me louer de trouver aujourd’hui un moyen d’ajouter encore mon tribut de reconnaissance à ceux que tant de familles ne se lassent de rendre à l’homme précieux qui ne pouvait mieux mériter de la société, en rendant, pour ainsi dire, une nouvelle existence à des êtres, sans lui, nés pour un malheur trop certain.

J’ai l’honneur d’être, Monsieur, avec les sentiments les plus distingués,


Monselet, libraire,
Place Graslin.


Je n’ai révélé ce détail que pour mieux expliquer la difficulté que mon père éprouva néanmoins à marcher tout le temps de sa vie et l’embonpoint qui ne tarda pas à résulter d’un manque d’exercice.