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ET BIBLIOGRAPHIQUES



UN LIBRAIRE… D’ALENÇON


Aurélien Scholl et moi, nous avons eu jadis un éditeur comme on n’en reverra pas de longtemps, jeune, lettré, viveur, riche. Il faisait imprimer ses livres à Alençon, sa ville natale. Il publia dans des conditions exceptionnelles de bon goût les romans de Champfleury, les poésies de Théodore de Banville, celles de Leconte de Liste, les Fleurs du mal, de Baudelaire, les Lettres sur la Hollande, de Maxime du Camp, etc., etc… Son seul chagrin au monde était de s’appeler Poulet-Malassis.

Vous pensez si l’on s’égayait sur ce nom ridicule ! Tantôt c’était l’auteur des Odes funambulesques qui écrivait :

Le typographe Malassis,
Que tout bas invoque sans trêve
Le poète inédit qui rêve
Triste et sur une malle assis…


Tantôt c’était moi-même qui mêlais ma note à ce concert d’ailleurs inoffensif. Je retrouve dans mes papiers un couplet qui date de cette époque :