Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/109

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femmes dans la société ! Des gardes-malades, des radoteuses ou des épouvantails. Une grand-mère ne conquiert l’affection de ses petits-enfants qu’à la condition d’avoir ses poches remplies de gâteaux, et elle n’est supportable aux yeux que tout autant que sa robe et ses coiffes ont le caractère artiste du temps passé.

— Pauvres grand-mères, et vous aussi ! dit une voix qu’Irénée crut reconnaître.

— Faut-il que je me résume ? demanda Philippe.

— Oui ! oui !

— C’est que je vais bien m’éloigner des traditions de M. Legouvé.

— Bah ! dirent les assistants.

— Eh bien, donc, voici mes conclusions : la femme ne vaut que par ses attraits lorsqu’elle est jeune, que par sa fécondité lorsqu’elle est mûre, et elle ne vaut rien du tout quand elle est vieille.

Des rires unanimes couronnèrent cette facétie. Quelqu’un essaya de protester cependant.

— Le mal que vous dites des femmes prouve deux choses : ou que vous avez beaucoup souffert par elles, ou que vous en souffrirez beaucoup.

Celui qui parlait ainsi était M. Blanchard. Une contraction légère anima les sourcils de Philippe Beyle, mais il s’était trop mis en avant pour reculer ; il se sentait d’ailleurs en veine de riposte.

— Souffrir par les femmes ! dit-il après avoir salué M. Blanchard ; ce serait confesser leur importance, et je ne suis pas encore près de le faire.

— Prenez garde ! de plus forts et de plus grands que vous ont vu crouler leur philosophie sous un coup d’éventail.

— Qui ? ces colosses menés en laisse étaient-ils vraiment des colosses ; les avez-vous mesurés ? Le vrai génie est solitaire. Homère ne partage sa gloire avec aucune femme. Newton meurt vierge. Regardez : est-ce avec un cortège d’amoureuses que se présentent à nous Christophe Colomb, Gutenberg, Shakespeare ? Voilà de grand noms, je crois, des gloires et des forces. Qui leur opposerez-vous ? Molière ? mais Molière n’a