Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/199

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fut occupé qu’à épier de loin Philippe Beyle, à l’étudier, à se rendre compte de son existence jour par jour. Puis, un matin, il se présenta chez lui, sous le prétexte que nous avons dit. Maintenant nous allons reprendre la conversation commencée entre ces deux hommes.

Après l’aveu de la perte de sa fortune, le comte avait jeté, comme phrase incidente, qu’il ne lui restait plus qu’un millier de louis environ.

— Un millier de louis, monsieur le comte ? dit Philippe ; avec une pareille somme on peut se relever.

— J’en doute.

— Je voudrais pouvoir vous le prouver par moi-même.

— Eh mais, rien de plus facile, dit le comte enchanté de le voir abonder si promptement dans ses projets.

— Que voulez-vous dire ?

— Le hasard ne m’aura pas mis impunément dans la confidence de votre embarras. J’ai pensé à vous pour une négociation de la plus haute importance. Vous avez de l’énergie et de la finesse, deux qualités qui s’excluent habituellement ; vous êtes mon homme.

— Quoique je ne comprenne encore qu’imparfaitement vos paroles, monsieur le comte, je m’estime heureux d’avoir pu mériter votre intérêt.

— Mieux que cela, ma confiance.

— Je ne comprends plus.

— Je vais m’expliquer.

Philippe redoubla d’attention.

— Vous entendez les affaires, monsieur Beyle ?

— Un peu, monsieur le comte.

— Vous serait-il possible de pénétrer dans le dédale des miennes ? Elles sont fort embrouillées, et, pour ce motif, ainsi que pour beaucoup d’autres, je ne voudrais pas m’adresser aux hommes de loi. Vous ne sauriez imaginer la répugnance presque invincible que m’inspirent ces censeurs officieux. Il faudrait entrer avec eux dans certains détails, d’où ma dignité aurait peut-être quelque peine à sortir les braies nettes, pour parler comme nos vieux auteurs. Je ne le veux pas ; à mon