Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/220

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recourir à des moyens aussi romanesques pour vous voir et pour vous parler ?

« À demain soir ; venez avec des trésors d’indulgence pour votre fille respectueuse.

« Amélie. »

Les jardins de l’hôtel d’Ingrande occupaient une vaste étendue de terrain. Dix heures et demie sonnant, le comte se trouva à la porte indiquée. Il frappa, suivant la recommandation de sa fille. Thérèse ouvrit aussitôt, mais elle recula en s’écriant avec surprise :

— Ah ! vous n’êtes pas seul, monsieur le comte !

Derrière le comte d’Ingrande il y avait en effet une ombre, un homme.

— Eh non ! certainement, je ne suis pas seul, répondit le comte, je le sais bien. Est-ce qu’à mon âge et par la nuit qu’il fait, tu crois que je vais courir les rues sans compagnies ?

Il entra. L’homme entra avec lui. La porte du jardin se referma sur eux.

— À présent, dit Thérèse, je m’en vais prévenir mademoiselle.

— Va, mon enfant, dépêche-toi, car les soirées d’automne sont fraîches, et il tombe de ces arbres une humidité dangereuse. Brrr… ! le mauvais donneur de sérénades que j’aurais fait dans les siècles passés !

La femme de chambre s’était éloignée rapidement. Le comte d’Ingrande se retourna vers son compagnon et lui dit :

— Mon cher, je vous réitère toute ma gratitude pour la complaisance que vous avez mise à m’escorter jusqu’ici. Franchement, c’est du dévouement.

— Non, monsieur le comte, c’était un devoir pour moi. Dès que vous m’avez annoncé votre dessein en sortant du Club, je n’ai pas hésité.