Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/316

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— Recevait-elle hier ?

— Qui ?

— Mme de Pressigny.

— Mais non, puisqu’hier c’était mercredi. Elle ne reçoit que les vendredis ; il est impossible que vous l’ayez oublié.

— Ah ! c’est juste.

— Quelle singulière conversation vous avez ce matin, Philippe !

— Excusez-moi : je suis un peu distrait.

— Je m’en aperçois.

— Croiriez-vous qu’hier soir, à l’Opéra, j’ai eu jusqu’au dernier moment une vague espérance.

— C’était ?…

— C’était que vous viendriez avec la marquise.

— Oh ! nous étions trop occupées, s’écria étourdiment Amélie.

Philippe l’observait. Elle rougit et perdit contenance

— Il est peut-être indiscret à moi de m’enquérir de ces occupations ? dit-il.

— Pourquoi donc ? balbutia Amélie.

— Mais… je ne sais.

— Ma tante n’a pas de secrets.

— Et vous ? dit Philippe.

— Moi non plus, répondit-elle en cherchant à sourire ; quels secrets voulez-vous que j’aie ? Est-ce que vous allez recommencer votre conversation à bâtons rompus, comme tout à l’heure ?

— Ainsi, vous et votre tante, vous avez été fort occupées hier soir ?

— À des œuvres de bienfaisance, oui.

— C’est pour le mieux.

— Vous paraissez ignorer, dit Amélie, que nous appartenons toutes les deux à plusieurs sociétés de charité, à l’œuvre de Saint-François de Paule, aux Jeunes-Orphelines, aux Jeunes-Aveugles…