Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/324

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Cette silhouette passa devant lui et disparut par la petite porte. Elle n’avait ni frappé ni sonné.

— Diable ! se dit Philippe, il doit y avoir un mot d’ordre ou un secret. Le mot d’ordre, il me paraît difficile de l’entendre ; mais le secret, je puis le découvrir. Approchons…

Un léger bruit le fit se retourner. C’était une troisième ombre qui s’avançait ; mais celle-ci aperçut Philippe, car elle s’arrêta et parut hésiter ; puis faisant brusquement volte-face, elle se dirigea vers la rue de Babylone, où une autre porte de jardin la reçut avec la même discrétion, avec le même mystère.

— Est-ce un couvent ? se demanda Philippe.

L’instant d’après, on eût dit qu’une trentaine de personnes s’étaient concertées pour pénétrer successivement dans les différents hôtels groupés sur ce point. Particularité bizarre ! ce n’étaient que des femmes. À un certain moment, Philippe aperçut une espèce de mendiante brisée par l’âge, tout haillons et toutes rides, qui se traînait.

Un météore d’élégance, de jeunesse et de beauté, une de ces filles d’Ève qui savent rendre leur toilette de ville aussi effrontément attrayante qu’un négligé d’alcôve, rejoignit la pauvresse et échangea avec elle quelques mots à voix basse.

— Vous êtes fatiguée, appuyez-vous sur mon bras, dit-elle en élevant un peu la voix.

Toutes deux s’engouffrèrent à leur tour dans la petite porte du mur.

Philippe avait été sur le point de trahir sa présence.

— Si c’est là un couvent, murmura-t-il, qu’est-ce que peut y venir faire Pandore ?

Son étonnement était au comble. Mais il était écrit que ce soir-là Philippe devait passer par tous les degrés de l’imprévu et du fantastique.