Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/335

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j’étais un sylphe. Dès ce moment, je formai une résolution je fis un serment solennel.

— Quel serment ?

— Je jurai d’aller en Turquie.

— C’est facile. Mais dans quel but ?

— Eh ! peut-il y en avoir désormais d’autre pour moi que celui de pénétrer dans le sérail, de m’introduire dans les jardins de Sa Hautesse ; de déjouer la surveillance des icoglans, des bostandjs, des eunuques ? J’irai en Turquie, monsieur Beyle, je vous en réponds !

— À votre aise, repartit Philippe, peu touché par cet enthousiasme ; mais, jusque-là, ne soyez pas ingrat envers ce pauvre boulevard des Invalides, qui vous donne aujourd’hui un avant-goût si piquant des intrigues orientales… Reprenez votre récit au point où vous l’avez laissé.

M. Blanchard reprit :

— Le pas que j’avais fait était immense, mais il ne m’avançait guère. Je ne pouvais aborder le corps de logis sans risquer d’être reconnu, et par suite chassé. En conséquence, je dus me résoudre exclusivement à prendre une connaissance parfaite des jardins et à me ménager les moyens d’y revenir à la nuit, car je voyais bien que c’était seulement à la nuit que le drame s’agitait.

— Parfaitement conçu.

— Je fis discrètement le tour des murs, examinant les endroits mal défendus, notant les pièges, et j’arrêtai définitivement mon attention aux alentours de cette petite porte.

— De celle-ci ?

— Oui. La muraille y est plus dégradée que partout ailleurs et offre plus de point d’appui pour l’escalade ; le sommet en est moins garni de tessons et de pointes de fer ; en outre, une des grosses branches de cet orme, sur lequel vous m’avez vu perché tout à l’heure, s’incline complaisamment vers le jardin, comme un pont lancé dans l’espace, et semble solliciter l’observateur aérien.

— Alors votre dessein ?