Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/375

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portant le pouce de la main droite à l’oreille gauche, pendant que les autres doigts sont repliés.

— Agenouillez-vous, maintenant.

Amélie obéit.

La grande-maîtresse prit la truelle d’argent, et, après l’avoir trempée dans l’auge, elle la passa cinq fois sur les lèvres de l’initiée.

— C’est le sceau de la discrétion que je vous applique, dit-elle.

La nouvelle adepte demeura à genoux.

— Que signifie l’arc-en-ciel placé au-dessus de votre tête ? reprit la grande-maîtresse.

— L’harmonie de sentiments qui doit régner entre les sœurs de la Franc-maçonnerie.

— Et les quatre parties du monde représentées sur le tapis qui est sous vos pieds ?

— L’étendue de la puissance de la Franc-maçonnerie.

— Serez-vous une sœur courageuse et dévouée ?

— Je le serai.

— C’est bien. Relevez-vous. Il ne vous reste plus qu’à prêter le serment et à en répéter les termes que je vais rappeler.

— Le serment ! murmura Amélie.

— Est-ce que ce mot a quelque chose qui vous effraye ? demanda la grande-maîtresse étonnée.

— Non, répondit Amélie, qui venait de rencontrer le regard de Marianna.

— Étendez votre main sur l’autel de feu ou autel de Vérité, et répétez mes paroles.

C’était là que Marianna attendait Amélie. Depuis un quart d’heure, elle ne cessait de l’observer ; elle remarquait sa pâleur, ses tressaillements convulsifs, et, à tous ces symptômes, elle reconnaissait une conscience troublée. Elle en conclut que ses machinations avaient été couronnées de succès, et qu’Amélie, prise au piège, avait dû révéler à Philippe Beyle l’existence de la Franc-maçonnerie des femmes.

Mais sur quoi Marianna pouvait-elle compter pour amener sa rivale à faire l’aveu de sa trahison ? Était-ce sur cet appareil