Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/391

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— Continuez, Thérèse, dit Philippe ; ce que vous racontez m’intéresse ; je tiens d’ailleurs à savoir comment ma commission a été faite. On est donc venu hier ? À quelle heure ?

— À quatre heures de l’après-midi environ.

— De l’après-midi. C’est bien. Vous étiez là, sans doute ?

— Oui, monsieur.

— Qui est-ce qui est venu ?

— Un domestique à la livrée du ministre.

Philippe Beyle se contraignit.

— À la livrée du ministre ? Vous en êtes sûre, Thérèse ?

— Oh ! oui, monsieur. D’autant plus sûre qu’il est venu avec une voiture du ministère.

— Ah !

— On dirait que monsieur ignore tous ces détails.

— Non, certainement ; mais je crains qu’on n’ait été trop loin… qu’on n’ait alarmé à tort ma femme. Ce domestique, vous l’avez entendu, qu’a-t-il dit ?

— Il a dit que monsieur était tombé de cheval en se rendant à la maison de campagne du ministre, mais que c’était peu de chose ; que, du reste, si madame voulait savoir à quoi s’en tenir, le ministre lui envoyait une de ses voitures, qui avait ordre de la conduire immédiatement auprès de monsieur.

— J’entends… auprès de moi… oui, Thérèse ; mais ce n’est pas tout.

— Quoi donc ?

— Madame… qu’est-ce qu’a fait madame ?

— Elle n’a fait qu’un saut d’ici dans la voiture, dit la femme de chambre.

— Elle est partie ?

— Je le crois bien !

— Pour… où ? demanda Philippe respirant à peine.

— Je ne l’ai pas demandé à madame.

— Thérèse, on étouffe ici. Ouvrez cette fenêtre.

Philippe eut en ce moment le courage et la force de s’imposer la plus horrible des contraintes, afin de cacher à ses gens les atteintes presque déshonorantes d’un rapt aussi éclatant.