Page:Monselet - Portraits après décès, 1866.djvu/162

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cevoir ; au risque de s’aliéner le cœur de ses sujets, il consigna à la porte du palais Édouard Ourliac & sa cohorte.

En ce temps-là, un petit journal florissait à l’ombre du souvenir de Beaumarchais : c’était le Figaro, qui a passé aux mains d’un grand nombre d’hommes d’esprit, & qui, en politique, a successivement brillé de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Ourliac trouva place dans ce petit journal : il y connut Balzac, qui se faisait alors la main ; Alphonse Karr, qui appelait à l’aide de son talent toutes les originalités pratiques ; Paul de Kock, Alexandre Dumas, Scribe, — mélange, confusion, bruit, renommée. Au Figaro, on se délassait un peu de la contrainte romantique ; on n’était plus cosmopolite, on était Français ; Dante & Shakespeare étaient oubliés un moment ; on riait, & ce rire semblait être renouvelé des Actes des Apôtres, monument de l’esprit de la Révolution. Non pas que je conseille à personne de relire la collection du Figaro (d’abord on ne la trouverait pas aisément) ; ce rire a été usé, cet esprit a été dépassé ; en pareil cas, il vaut mieux se souvenir que relire. Édouard Ourliac fit merveille dans ce recueil ; il se débarrassa de ce que les leçons de M. Touchard-Lafosse avaient de trop vulgaire ; il fut lui pour la première fois, c’est-à-dire que